Quelles sont les difficultés rencontrées par un salarié qui vit une séparation ou un divorce ?

 

Aujourd’hui en France, près d’1 couple marié sur 2 divorce.

Et la moitié des couples qui se séparent ont des enfants à charge.

La séparation est un véritable bouleversement dans la vie d’une personne, en particulier si elle est subie, brutale, soudaine.

Toutefois, celui qui décide de se séparer de son conjoint peut lui aussi rencontrer des difficultés.

Toutes les sphères de la vie sont impactées, et souvent, du jour au lendemain : amoureuse, familiale, amicale, personnelle et professionnelle.

Dans une interview sur B Smart, Clara Levi-Leparquier, fondatrice de MTH Coaching, vous explique pourquoi et comment, en tant que RH ou Manager, accompagner un salarié qui divorce ou se sépare.

 

Quels sont les impacts pour un collaborateur qui divorce ou se sépare de son conjoint ?

 

Pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, les émotions sont très fortes, à la hauteur du tsunami qui déferle dans la vie de la personne :

  • profonde tristesse, accablement
  • colère
  • honte
  • peur (de l’avenir).

 

Il s’agit d’un bouleversement émotionnel, psychologique et même physique pour la personne qui vit une séparation.

Les symptômes peuvent être nombreux et nécessitent parfois un arrêt de travail et/ou une prise en charge médicale

  • Stress, anxiété, hypervigilance, ruminations, parfois dépression
  • Difficultés pour dormir : fatigue voire épuisement
  • Troubles de l’alimentation : perte ou prise de poids

 

Certaines personnes subissent également pendant la période de séparation de la violence psychologique ou physique de la part de leur conjoint.

Une séparation ou un divorce prend beaucoup de temps. C’est un marathon qui s’engage alors, avec parfois des passages sur le ring. Il faut tenir dans la durée.

 La santé du salarié est donc en jeu. Il reste très vulnérable pendant cette période.

 

Quelles sont les autres difficultés que peut rencontrer un salarié qui se sépare ?

 

C’est un peu l’effet millefeuilles.

En plus de tous ces aspects, déjà énormes, il y a des impacts organisationnels, logistiques et financiers :

  • besoins de relogement
  • gérer et financer une garde alternée ou une garde exclusive des enfants
  • coût de la procédure de divorce, etc.

 

On estime à environ 14% la baisse du niveau de vie médian l’année où survient la séparation.

La période dite provisoire, de mise en place de la séparation, est souvent la plus difficile.

Tout est nouveau, instable, insécurisant.

 

Retrouvez l’interview de Clara Levi-Leparquier sur l’accompagnement d’un salarié qui vit une séparation ou un divorce en cliquant ici.

Les mères sont plus impactées que les hommes par une séparation

 

 

Au moment d’une séparation ou d’un divorce, il existe des inégalités entre les hommes et les femmes. Ces dernières sont plus impactées, et donc plus vulnérables, financièrement et émotionnellement, et ont plus de risques de se retrouver en situation de précarité.

 

Les inégalités hommes-femmes, en partie liées aux préjugés, commencent dès le moment de l’annonce d’une séparation.

La journaliste Nathalie Bourrus, auteure de l’ouvrage Maman Solo : Les oubliées de la République, explique :  « Quand un homme se fait plaquer par sa femme, tout le monde le soutient, y compris la direction, très souvent masculine. En revanche, toi, on te demande ce que tu as bien pu faire à ton mec. »

Elle parle de « charge totale ».

 

La garde des enfants est dans la plupart des cas attribuée à la mère. Quelques chiffres :

  • En 2020, seules 12% des séparations aboutissaient à une garde alternée. Après un divorce par consentement mutuel le chiffre est de 19%.
  • Et pour les 88% de garde exclusive, 80% se faisaient au domicile de la mère. (source étude INSEE du 3 mars 2021).
  • 19% des femmes travaillent à temps partiel après une séparation (contre 5% pour les hommes).
  • 30% des pensions alimentaires ne sont pas versées.

 

D’après l’Insee toujours, le niveau de vie des mères baisse en moyenne de 20% après une séparation (contre 3% pour les hommes). Près d’une femme séparée sur trois bascule alors sous le seuil de pauvreté l’année de la séparation. La séparation se traduit souvent par la vente du logement commun et la perte du statut de propriétaire.

 

Quels sont les risques pour l’entreprise de ne pas accompagner un salarié qui se sépare ?

 

Un salarié ne peut pas laisser ses problèmes au vestiaire de l’entreprise.

Pour l’entreprise, les risques de ne pas gérer et accompagner ces moments de transition de vie que sont la séparation et le divorce sont multiples :

  • Risques psychosociaux : la santé mentale des employés est en jeu, avec un risque de surmenage, charge mentale, stress, burnout, dépression.
  • Baisse de l’engagement, de la fiabilité et de la performance, absentéismes, arrêts maladies, démissions.

 

Dans une étude publiée aux Etats-Unis, 95% des personnes interrogées déclarent que leur séparation a eu un impact négatif sur leur santé mentale au travail. 12% ont arrêté de travailler, 39% ont pris des congés.

 

Comment RH et managers peuvent-ils accompagner un salarié qui divorce ou se sépare ?

 

C’est délicat car une séparation relève de la sphère privée.

Il faut trouver le bon équilibre pour ne pas être intrusif et tout de même détecter les signaux faibles, ce qui change dans le comportement et la façon de travailler du collaborateur, pour proposer une aide adaptée.

Quelques exemples de signes au travail qui doivent alerter le manager ou le RH :

  • Des retards et/ou absences répétées
  • Des problèmes de concentration, des erreurs, une difficulté à respecter les deadlines
  • Un manque de coopération ou une difficulté à travailler avec les collègues
  • Une difficulté à prendre des décisions
  • Une baisse de la motivation
  • Une diminution de la productivité
  • De l’irritabilité
  • De l’hypervigilance.

 

40% des salariés n’en parlent pas spontanément à leur RH ou manager (source étude Malakoff Humanis).

C’est un choix à respecter, tout en proposant de l’aide si besoin, en restant vague, pour ne pas être intrusif ni heurter.

 

Il faut donc faire au cas par cas tout en ayant des mesures communes.

  • Le RH et le manager doivent avant tout être dans une posture d’écoute active, pour comprendre les difficultés et les besoins du salariés. Faire preuve de bienveillance et d’empathie.
  • Former / développer les managers à mener ce type d’échanges, avec la bonne posture, les sensibiliser également aux impacts d’une séparation sur la vie d’un collaborateur. Et aussi permettre aux managers d’en parler dans un espace neutre et confidentiel, par exemple avec un coach.

 

L’entreprise, selon les besoins identifiés lors des échanges avec le manager devrait être en mesure d’apporter les soutiens suivants, accentués l’année de la séparation :

 

  • Soutien psychologique par un professionnel externe ou interne (psychologue du travail, assistant social, coach)
  • Soutien financier : avances sur salaires, prêt, aide financière du CSE, participation au financement de modes de gardes, action logement
  • Aménagement du temps de travail, flexibilité, télétravail
  • Réduction de la charge de travail
  • Avoir une culture d’entreprise qui tienne compte des parents séparés : éviter les réunions qui commencent tôt ou se terminent tard, ne pas organiser sur les temps personnels des évènements professionnels (team buliding, etc), augmenter le nombre de jours enfants malades, veiller à la charge de travail.

 

Aux Etats-Unis et au Royaume Uni, les entreprises sont bien plus avance pour accompagner les salariés qui se séparent et divorcent. Elles proposent une assistance juridique gratuite, une prise en charge de la thérapie.

MTH Coaching accompagne vos salariés qui se séparent, mais aussi leurs managers, grâce à notre service de coaching à distance dédié au bien-être au travail. Pour en savoir plus, cliquer ici.