Depuis la parution du baromètre 2021 d’Empreintes Humaines, le monde des RH s’affole : malgré le déconfinement, la détresse psychologique ressentie par les salariés s’envole. 2,55 millions de salariés déclarent être touchés par le burn-out, dont 1 million actuellement en burn-out « sévère ». Heureusement, le burn-out au travail n’est pas une fatalité : des mesures et des moyens aident à améliorer la qualité de vie au travail et la santé mentale de l’ensemble des collaborateurs, en agissant au niveau des facteurs organisationnels. Que vous soyez manager de proximité, DRH ou dirigeant, nous partageons avec vous des conseils pratiques pour mieux prévenir l’épuisement professionnel dans le monde de l’entreprise.

Qu’est-ce que le syndrome d’épuisement professionnel ?

Le burn-out, aussi appelé syndrome d’épuisement professionnel en français, est la conséquence d’un état de stress chronique qui résulte d’une tension générée par un déséquilibre entre les contraintes/exigences de l’environnement et les ressources pour y faire face, depuis plus de 6 mois. Le burn-out se caractérise par un épuisement physique, mental et émotionnel.

Même si les symptômes du burn-out sont proches de ceux de la dépression, le burn-out et la dépression diffèrent. Il arrive cependant que le burn-out débouche sur une dépression ou un autre trouble mental, raison pour laquelle il s’agit d’un risque psychosocial à ne pas négliger. Il est donc important de poser le diagnostic différentiel, par un spécialiste, d’autant que la plupart du temps, le burn-out commence par une longue phase de déni.

Qui peut être sujet au burn-out ?

Le burn-out peut toucher n’importe qui, indépendamment de l’âge, du sexe, de la profession ou du niveau de formation. Cependant, certaines personnes peuvent être plus susceptibles de développer un burn-out en raison de facteurs liés à leur environnement de travail, à leur personnalité ou à leur situation personnelle. Voici quelques groupes de personnes qui peuvent être particulièrement à risque :

  1. Les travailleurs de la santé : Les médecins, les infirmiers, les thérapeutes et autres professionnels de la santé sont souvent exposés à des niveaux élevés de stress en raison de la nature exigeante de leur travail, du contact constant avec la souffrance humaine et des longues heures de travail.
  2. Les enseignants et les éducateurs : Les enseignants, les professeurs et les éducateurs peuvent être confrontés à des niveaux élevés de stress en raison des exigences de leur travail, des responsabilités émotionnelles associées à la prise en charge des élèves et des pressions pour atteindre des objectifs académiques.
  3. Les personnes dans des rôles de gestion : Les managers et les dirigeants d’entreprise sont souvent soumis à des pressions pour atteindre des objectifs de performance, gérer les conflits et prendre des décisions importantes, ce qui peut contribuer au stress et à l’épuisement.
  4. Les personnes ayant des traits de personnalité particuliers : Les personnes ayant des traits de personnalité tels que le perfectionnisme, le besoin de contrôle ou une faible estime de soi peuvent être plus susceptibles de ressentir du stress et de l’épuisement.
  5. Les personnes confrontées à des défis personnels : Les personnes qui traversent des événements de vie difficiles, tels que des problèmes de santé, des conflits familiaux ou des problèmes financiers, peuvent être plus vulnérables au stress et à l’épuisement.

Il est important de noter que le burn-out n’est pas le résultat d’une faiblesse individuelle. Il est souvent le résultat d’une combinaison de facteurs liés à l’environnement de travail, aux exigences professionnelles et à la situation personnelle de l’individu. Les employeurs ont un rôle important à jouer dans la prévention du burn-out en créant un environnement de travail sain et en apportant un soutien approprié à leurs employés.

Comment détecter les signes du burn-out ?

Parce que la souffrance psychique reste invisible, les managers doivent se montrer attentifs pour réussir à repérer les premiers signes du burn-out chez un membre de leur équipe. Une détection précoce permet ensuite de mieux accompagner le salarié en souffrance.

Voici les principaux signes qui devraient vous alerter (selon l’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute autorité de Santé) :

  • Un changement de comportement comme une tendance à se replier sur soi ou à s’isoler.
  • Une mauvaise gestion des émotions : le salarié réagit au quart de tour, il est à fleur de peau. Il peut également avoir des crises d’angoisse ou se montrer colérique. L’épuisement émotionnel et psychique s’accompagne d’un dérèglement de l’humeur.
  • L’augmentation du nombre et de la fréquence des arrêts maladie : c’est un signe précurseur de risques psychosociaux en général.

Ces signes ont pour conséquence une perte d’efficacité au travail.

Qu’est-ce qui cause un burn-out ?

Le burn-out est le résultat d’un stress chronique au travail qui n’est pas bien géré. Il peut être causé par une combinaison de facteurs liés à l’environnement de travail, aux exigences du travail et à la situation personnelle de l’individu. Voici quelques-uns des principaux facteurs qui peuvent contribuer au burn-out :

  1. Surcharge de travail : L’une des causes les plus courantes de burn-out est une charge de travail excessive. Les longues heures de travail, les tâches multiples et les responsabilités accablantes peuvent épuiser rapidement les employés.
  2. Manque de contrôle : Les employés qui ont peu de contrôle sur leur travail, leur emploi du temps ou leurs ressources peuvent se sentir impuissants et frustrés, ce qui peut augmenter le risque de burn-out.
  3. Manque de reconnaissance : Le manque de reconnaissance ou de récompense pour les efforts fournis peut démotiver les employés et les amener à se sentir dévalorisés et non appréciés.
  4. Relations de travail tendues : Les conflits avec les collègues, les supérieurs hiérarchiques ou les clients peuvent créer un environnement de travail stressant et augmenter le risque de burn-out.
  5. Manque de soutien : Un soutien insuffisant de la part des supérieurs hiérarchiques ou des collègues peut rendre les employés plus vulnérables au stress et à l’épuisement.
  6. Déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle : Les personnes qui consacrent beaucoup de temps à leur travail au détriment de leur vie personnelle peuvent avoir du mal à se détendre et à se ressourcer, ce qui peut augmenter le risque de burn-out.
  7. Valeurs ou attentes personnelles : Les personnes qui ont des attentes élevées envers elles-mêmes ou qui sont perfectionnistes peuvent se mettre une pression excessive pour réussir, ce qui peut augmenter le risque de burn-out.
  8. Facteurs de stress personnels : Les problèmes de santé, les conflits familiaux, les problèmes financiers ou d’autres facteurs de stress personnels peuvent augmenter la vulnérabilité au stress et à l’épuisement.

Il est important de noter que le burn-out est souvent le résultat d’une combinaison de facteurs et qu’il peut varier d’une personne à l’autre. La prévention du burn-out nécessite une approche globale qui prend en compte à la fois l’environnement de travail et les besoins individuels des employés.

Comment prévenir l’épuisement professionnel en entreprise ? 

Le burn-out n’est pas une fatalité : des solutions éprouvées permettent d’améliorer la qualité de vie au travail, de réduire les facteurs de risques et de prévenir l’épuisement de vos collaborateurs.

Retrouvez l’interview de Clara Leparquier, dirigeante de MTH Coaching, invitée à l’émission Tech RH sur BFMTV : le digital pour prévenir le burn-out en entreprise.

Cultiver une culture d’entreprise soucieuse de la santé mentale des collaborateurs

La culture d’entreprise influence directement le bien-être au travail et aide à prévenir l’apparition des risques psycho-sociaux. Une entreprise respectueuse et soucieuse de la santé mentale de ses salariés cherchera à déstigmatiser les troubles psychiques comme le burn-out, les troubles anxieux et la dépression en libérant la parole.

  • Au niveau de la direction des ressources humaines, les DRH identifient les services à risques (par exemple en raison d’une réorganisation). En partenariat avec la direction, ils peuvent ensuite prendre des mesures préventives pour éviter autant que possible l’épuisement des salariés concernés en modifiant l’organisation du travail et en planifiant des actions de prévention ciblées.
  • Au niveau des équipes, les managers de proximité restent vigilants aux signes du burn-out. Ils savent que le contexte sanitaire et le télétravail peuvent être éprouvants pour les collaborateurs, ils organisent donc des points réguliers avec chacun pour vérifier que personne ne s’épuise ou ne reste seul face à ses problèmes personnels ou professionnels.
  • Les managers doivent également veiller à la charge de travail de leurs collaborateurs, fixer des objectifs réalistes, leur donner suffisamment de marges de manœuvre et d’autonomie, faire des feedbacks réguliers et ainsi agir sur les facteurs de risques organisationnels du burn-out.
  • Pour cela ils peuvent être accompagnés, notamment dans les périodes de crise, de rush, de transformation.

Créer du lien au sein des équipes grâce à des temps d’échanges en présentiel et en télétravail.

Les moments d’échange et de convivialité se sont réduits depuis le début de la pandémie. Avec le télétravail, les relations au sein des équipes se sont encore plus distendues, ce qui favorise l’isolement et la précarité mentale des salariés.

Pour éviter ce problème, n’hésitez pas à organiser autant que possible des activités communes lorsque les salariés se retrouvent sur site. Un pot, un café, un afterwork voire un déjeuner en équipe aident à renforcer la cohésion. Un tête-à-tête informel avec vos salariés peut également permettre de déceler d’éventuels signes d’épuisement professionnel.

On oppose encore trop le télétravail et le présentiel alors qu’il existe des solutions intermédiaires pour rompre la solitude. Et si, par exemple, vous incitiez vos salariés à sortir de chez eux pour télétravailler dans des espaces de coworking ?

Autre idée : certaines entreprises, surtout des start-up, financent des « séjours télétravail » : pendant un temps défini, l’équipe travaille dans un cadre idyllique (à la plage, à la montagne), l’occasion de renforcer les liens et d’éviter la monotonie.

Organiser des actions de sensibilisation et de prévention du burn-out et des risques psychosociaux

Outre la culture d’entreprise, ce sont surtout les actions concrètes mises en place par l’entreprise qui font la différence. Les entreprises disposent de plusieurs leviers d’action via :

  • La sensibilisation des collaborateurs, avec, par exemple, des plaquettes, des formations, des séminaires et des mails réalisés en partenariat avec la médecine du travail ;
  • La mise à disposition de services qui facilitent la vie des salariés (et les aident à gérer la pression) : sophrologie, salles de relaxation, cours de sport, conciergerie d’entreprise, séances de coaching individuelles.

L’épuisement professionnel n’est pas une fatalité

Avec le télétravail et l’éloignement physique des salariés, les entreprises doivent redoubler de vigilance pour détecter les collaborateurs en souffrance. On oublie vite que le manager de proximité est en première ligne face à la souffrance de ses équipes. Ces derniers ont deux fois plus de risque d’être touchés par le burn-out. C’est pour cette raison que la Hotline Managériale propose une permanence, afin de guider et soutenir les managers en cette période difficile, pour prendre soin d’eux ET de leurs équipes. À côté des actions de prévention, mieux vaut également accompagner les managers pour qu’ils sachent comment accompagner un collaborateur lors de son retour au travail après un burn-out. C’est ce que nous verrons dans un prochain article.